L’ANIA a informé ses adhérents de la publication, fin octobre, d’un rapport de la Chambre des Lords britannique concernant l ‘enquête sur le lien entre l’alimentation, le régime alimentaire et l’obésité.
Food, Diet and Obesity Committee – Summary – Committees – UK Parliament
- Ce rapport fait écho aux échanges que l’ANIA a en ce moment même concernant les dépôts d’amendements de députés français dans le cadre de l’examen du PLF PLFSS 2025 et les initiatives ciblant directement les produits transformés.
Le rapport de la Chambre des Lords appelle à une action réglementaire concernant les aliments dits « ultra-transformés », en utilisant notamment les leviers comme la restriction de la publicité alimentaire pour les aliments jugés avec un faible profil nutritionnel.
Les auteurs du rapport demandent également au gouvernement britannique d’adopter une nouvelle approche vis-à-vis de l’industrie agro-alimentaire afin de réglementer les entreprises en incitant les industriels à produire et à vendre des aliments jugés comme étant « plus sains ».
Le secrétariat de FoodDrinkEurope est en contact étroit avec la Fédération britannique de l’alimentation et de la boisson (FDF), qui a préparé un communiqué de presse, aligné sur le statement de FoodDrinkEurope sur la thématique « ultra-processed food », soulignant l’importance d’impliquer l’industrie dans le cadre des dialogues plus larges avec les parties prenantes dans l’élaboration des politiques.
- Le gouvernement britannique dispose à présent de deux mois pour y répondre.
Vous trouverez ci-dessous un bref résumé du rapport :
Le rapport, intitulé « Recipe for Health : A Plan to Fix Our Broken Food System », aborde la crise de santé publique causée par l’épidémie d’obésité et les « maladies liées à l’alimentation » au Royaume-Uni. Le Royaume-Uni affiche l’un des taux d’obésité les plus élevés parmi les pays à revenu élevé, avec des coûts économiques significatifs représentant au moins 1 à 2 % du PIB britannique chaque année en raison des dépenses de santé et de la perte de productivité.
- Le rapport met en avant le rôle des régimes alimentaires jugés comme « néfastes pour la santé », favorisés par une disponibilité généralisée d’aliments « très transformés » et au profil nutritionnel riche en matières grasses, sucres, sel. Le marketing alimentaire en lien avec ces catégories d’aliments identifiées dans le rapport serait une des causes principales de l’augmentation de la prévalence de l’obésité selon les rapporteurs.
- Toujours selon ce rapport, les efforts déployés par les gouvernements dans le passé, qui reposaient essentiellement sur la responsabilité individuelle et les chartes d’engagements collectives de l’industrie, ont largement échoué. Le rapport critique ces approches qu’il juge inadéquates pour s’attaquer aux facteurs structurels et systémiques des régimes alimentaires jugés comme « malsains ».
En synthèse, le rapport affirme que l’industrie alimentaire joue un rôle important dans la crise de l’obésité et préconise de responsabiliser les acteurs de l’industrie agroalimentaire par divers moyens :
- Les rapporteurs suggèrent de passer d’actions volontaires à des réglementations contraignantes, d’exclure certaines entreprises alimentaires des discussions politiques et de mettre en place des taxes sur la base de reformulation des produits trop riches en sel et sucres.
- En outre, le rapport plaide pour une augmentation de la taxe sur les boissons rafraichissantes non alcoolisées, l’interdiction de toute publicité pour les aliments riches en matières grasses, en sel et en sucre (HFSS) dans tous les médias et l’étiquetage obligatoire sur le devant de l’emballage.
Le rapport aborde des facteurs tels que l’hyper-palatabilité et la densité énergétique, ainsi que les effets à long terme des additifs. Bien qu’il appelle à davantage de recherche, le rapport souligne que cela ne devrait pas retarder les mesures réglementaires immédiates sur les aliments HFSS, dont beaucoup sont également considérés comme « ultra-transformés ».
Enfin, le rapport propose plusieurs recommandations :
1) Une nouvelle stratégie alimentaire : Le gouvernement doit publier une stratégie alimentaire globale et intégrée, pilotée au plus haut niveau, fixant des objectifs pour un système alimentaire sain et des plans pour les atteindre.
2) Aliments dits « ultra-transformés » : La nouvelle stratégie du gouvernement doit viser non seulement à réduire les ventes d’aliments « moins sains », mais aussi à « rendre les aliments plus sains, souvent non transformés et peu transformés, abordables et accessibles à tous ».
3) Taxer les aliments jugés comme « malsains » : Le gouvernement devrait introduire une taxe sur la reformulation des produits en lien avec les taux de sel et de sucres et examiner comment les recettes peuvent être utilisées pour « rendre les aliments plus sains moins chers », en particulier pour les personnes à faible revenu.
4) Une enfance et une petite enfance en bonne santé : Le gouvernement « doit fixer de nouveaux objectifs ambitieux en matière de nutrition maternelle et infantile, élaborer une stratégie globale pour les atteindre et fixer des normes obligatoires strictes en matière de composition et de commercialisation des aliments pour nourrissons.
5) Lutter contre l’insécurité alimentaire : Le gouvernement doit permettre l’inscription automatique au programme Healthy Start et aux repas scolaires gratuits et examiner immédiatement les coûts et les avantages pour la santé publique de l’augmentation des taux de financement et de l’élargissement de l’éligibilité à ces programmes.